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Psychologie et méthodologie des apprentissages

Dans le cadre du cours de psychologie et méthodologie des apprentissages, j’ai choisi d’aborder la pédagogie Montessori en la confrontant aux notions théoriques vues en cours, à savoir : le neuromythe, l’estime de soi, la gestion des émotions, ainsi que le rôle de l’alimentation.

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La pédagogie Montessori : Qui est Maria Montessori [1]?

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Maria Montessori naît le 31 août 1870, dans la province d’Ancône, en Italie. Elle grandit dans une famille catholique où la discipline et les pratiques religieuses sont de rigueur. Ses parents décident de s’installer à Rome pour offrir à Maria un enseignement de qualité. Durant sa scolarité, son esprit scientifique et mathématique se révèle. Très attirée par la biologie, elle s’oriente vers la médecine. Néanmoins, ce choix d’orientation lui a valu un déterminisme et un combat sans pareil. En réalité, cette filière n’était, à l’époque, destinée qu’à la gent masculine. Elle affronta de rudes combats pour être admise à la faculté de médecine de l’université de Rome. Elle fut donc la première femme à intégrer cette faculté.  

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Après l’obtention de son diplôme, le Dr. Montessori intègre une clinique

psychiatrique de l’université de Rome. Elle visite des services asilaires,

rattachés à cette clinique. Elle y observe des enfants en situation de déficience

mentale, privés de toute stimulation et considérés comme déments. Dès lors,

son intervention devint davantage pédagogique que clinique.

Elle observe avec minutie leurs comportements pour mettre en place des

aménagements qui pourraient répondre à leurs besoins. Elle s’inspira des

travaux de Jean Itard et Edouard Séguin, tous deux médecins. Ces derniers

ont dédié leur vie aux enfants différents, s’opposant au principe d’incurabilité

qui leur était imposé.[2]

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Elle intensifie ses recherches tout au long de sa carrière et participe à la formation de plusieurs futurs maîtres spécialisés dans l’observation et l’éducation des enfants « faibles d’esprit ». Elle crée également un riche panel de matériaux pour aménager l’environnement de ces enfants. Les efforts de Maria ont porté leurs fruits. En effet, plusieurs enfants porteurs de déficiences ont réussi à lire et à écrire ; des exploits considérés comme miraculeux. C’est avant tout la résultante de la mise en place d’un accompagnement bienveillant et spécifique. Elle s’est ensuite intéressée aux difficultés d’apprentissage que pouvaient rencontrer des enfants ordinaires. Elle était convaincue qu’en appliquant des méthodes similaires à celles utilisées avec les enfants porteurs de déficiences, ces enfants ordinaires obtiendraient de meilleurs résultats scolaires.

Maria Montessori a dédié le restant de sa carrière à la mise en place d’une approche pédagogique qui se voulait perpétuellement novatrice. Elle portait son attention sur l’enfant en tant que sujet d’apprentissage et non objet d’apprentissage.

En 1907, Maria accueille une soixantaine d’enfants démunis et esseulés, dans la première « maison des enfants » dont elle avait pensé et conçu tout l’aménagement et l’organisation de l’espace. Elle ajustait sans relâche ses pensées, son matériel et sa manière de transmettre.

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Concrètement, quels sont les fondements de la pédagogie Montessori ?[3][4]

 

 

Cette méthode est fondée sur le principe du « respect de la démarche naturelle de l’enfant ». En réalité, elle s’appuie sur 2 idées fondamentales :

Selon elle, il existe deux structures internes, propre au processus du développement de l’enfant :

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Les périodes sensibles au cours desquelles l’enfant est particulièrement réceptif à certains apprentissages. Elles permettent à l’enfant, en fonction de son âge, d’éprouver une fascination intense pour des éléments particuliers du monde extérieur (ex : l’ordre, le langage, le mouvement,…) et d’en acquérir les propriétés avec beaucoup d’aisance et de précision. Ces éléments extérieurs et particuliers vont éveiller chez l’enfant un intérêt et un enthousiasme. D’après Maria Montessori, lorsque ces périodes sensibles sont passées, il n’est plus possible de ressaisir à nouveau cette opportunité d’une conquête naturelle car ces périodes sont limitées dans le temps.

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Les périodes sensibles (de 0- 6 ans) sont les suivantes :

  • Période sensible des perceptions sensorielles-> construction sensorielle et raffinement sensoriel

  • Période sensible du langage

  • Période sensible de la coordination du mouvement,

  • Période sensible des petits objets

  • Période sensible de l’ordre qui nourrit deux aspects essentiels : le besoin de sécurité et la capacité de créer des liens.

  • Période sensible du développement social,

 

 « L’esprit absorbant » : il désigne l’incroyable capacité de l’enfant, depuis sa naissance jusqu’à ses 6 ans, à s’imprégner du monde qui l’entoure (sons, odeurs, coutumes, climat,….), à s’y adapter et à se l’approprier. Au-delà de ses 6 ans, l’enfant s’interroge sur ce qui l’environne. Dès lors, il entre dans la phase de l’esprit comprenant. 

Quels sont les avantages de cette pédagogie ?

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Cette pédagogie met en avant le fait que chaque enfant doit progresser à son propre rythme. En effet, selon Maria, tous les enfants ne sont pas prêts pour les mêmes apprentissages au même âge, au même moment.

Le principe d’une classe Montessori est de proposer aux enfants un environnement riche en termes de matériel, adapté, leur permettant de réaliser tel ou tel apprentissage au bon moment. L’enfant, en décidant lui-même du moment où il va manipuler tel ou tel matériel, va être le moment déclencheur de son apprentissage. 

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Elle favorise les apprentissages puisqu’elle adapte l’environnement tout en respectant le développement de l’enfant.

En réalité, cette pédagogie met l’enfant en situation face à laquelle il :

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  • est prêt, c’est-à-dire, qu’il a intégré les pré-requis nécessaires,

  • manifeste de l’envie, un besoin (motivation intrinsèque)

  • se sent concerné par cet apprentissage. En effet, l’enfant est placé au centre des apprentissages.

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Cette pédagogie facilite la gestion de l’hétérogénéité :

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Les ateliers Montessori permettent de s’adapter aisément aux différences et s’ouvrent aux particularités et aux manifestations de chacun. Nous pourrions illustrer ce point par le fait que chaque enfant à la possibilité de choisir un plateau qui lui correspond et qui respecte ses compétences.

De ce fait, l’hétérogénéité devient source d’enrichissement : les élèves s’observent, sont attirés par un jeu qu’un autre enfant réalise.  Aussi, elle permet à l’enfant de nombreux apprentissages. Ces derniers vont nourrir l’enfant dans son cheminement et il incarnera petit à petit la posture de « l’élève ».  

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L’enfant choisit son plateau, s’installe, travaille seul puis range son plateau. Durant ces temps "Montessoriens",

il apprend à se concentrer, à respecter les règles, à gagner en confiance en lui et à développer son autonomie.

Progressivement, l’enfant va s’inscrire dans une dynamique de travail et comprend que le chemin vers le savoir final est jalonné d’étapes à respecter et que chaque savoir est un univers de connaissance supérieur.

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Quelles sont les limites de cette pédagogie ?

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Cette pédagogie fait également l’objet de nombreuses critiques. En réalité, certains considèrent qu’elle ne couvre que certains besoins des enfants et qu’elle est trop centrée sur les apprentissages préscolaires tels que les domaines suivants :

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  • les acquisitions de base (motricité fine),

  • le développement des sens,

  • l’apprentissage numérique et scientifique.

 

Il est donc peu question de :

 

  •  productions artistiques (musique, arts visuels…) dans cette méthode.

  •  Cette pédagogie nécessite beaucoup de matériel (souvent coûteux), et beaucoup de place,

  • il y a peu d’échanges verbaux entre les enfants et très peu de temps collectifs riches pour les apprentissages langagiers.

  •   L’ordre imposé par cette pédagogie est également critiqué. Selon F.Dolto, si l’on « décide d’inculquer l’ordre à un enfant trop tôt cela risque de le rendre maniaque, obsessionnel et intolérant aux surprises et aux mouvements de la vie. 

 

Analyse critique et rigoureuse de la pédagogie Montessori,

à la lumière des notions théoriques vues au cours:

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Le Neuromythe [5]

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Un neuromythe se définit comme étant une croyance fausse, exprimée en langage pseudo-scientifique souvent inspirée par des résultats scientifiques mal interprétés, simplifiés ou périmés et qui résistent à l’information disponible (Pasquinelli, 2012)

C’est une croyance erronée sur le fonctionnement du cerveau humain (Masson, 2013). Elle peut également se définir comme une conviction non vérifiée ou fausse sur le fonctionnement cérébral et son rôle dans les apprentissages[6].

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Ses caractéristiques sont les suivants[6] :

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  • Langage pseudo-scientifique,

  • Non vérifiés, voire faux sur le plan scientifique,

  • Théories, méthodes, outils simples, facilement accessibles,

  • Large diffusion via les médias,

  • Résistants aux données scientifiques disponibles car les individus filtrent les infos qui les confortent dans leurs choix, dans leurs idées.

 

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D’après le professeur Edouard GENTAZ[7],  il n’existe que quelques études quantitatives comportementales des effets de la pédagogie Montessori sur les enfants. Ces études sont issues de la psychologie scientifique, qui consiste à observer les effets bénéfiques sur les performances des enfants dans les tâches académiques, mesurant les fonctions exécutives, la créativité, etc.

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Certaines études, quant à elles, ne rapportent pas de réelles différences avec des enfants scolarisés dans des écoles traditionnelles. D’ailleurs, l’expérience de Céline Alvarez dans sa classe ne fait pas l’objet d’une recherche scientifique mais uniquement une observation pédagogique. Les enfants de sa classe ont effectivement répondu favorablement à sa démarche pédagogique, comme pour nombreuses classes dont les enseignant(e)s sont très engagé(e)s. Dans tous les cas, aucune donnée comportementale ou neuroscientifique (publiée à ce jour) ne confirme les effets bénéfiques spécifiques de la pédagogie Montessori, par rapport à ceux engendrés par une autre pédagogie. Selon Gentaz, il n’existe pas de recherches officielles qui montrent chez ces enfants une signature cérébrale spécifique due aux effets de la pédagogie Montessori. Ces idées sont, d’après lui,  encore en recherche. Avant d’être aussi largement diffusées sans évoquer leurs limites, elles mériteraient d’être davantage étudiées à petite et grande échelle, démarche indispensable pour assurer sérieusement leur validité.

 

En quoi la pédagogie Montessori favorise-t-elle l’estime de soi ?

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L’estime de soi se définit par le jugement que l’on se fait de soi-même, par la conscience de sa valeur personnelle dans différents domaines (Duclos, 2010). L’estime de soi représente l’écart entre comment la personne se perçoit et comment elle voudrait être (son moi idéal) (Duclos, 2010).[1]

L’estime de soi évolue et varie énormément durant notre vie. À la suite de nos expériences, nos échecs et nos réussites, nous ne nous voyons pas de la même manière.

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Selon Duclos (2010), l’estime de soi se compose de quatre piliers :

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1) Le sentiment de confiance et de sécurité : L’enfant a besoin de relations stables avec les adultes importants pour lui, afin de sentir qu’il a de la valeur. Le sentiment de sécurité est rattaché au sentiment de limites : importance des règles et de mettre en avant les comportements positifs.

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Selon la pédagogie Montessorienne, le sentiment de confiance et de sécurité se construit par les encouragements permanents que l’adulte fait à l’enfant. Ceux-ci permettraient de porter les enfants vers l’avant et de pallier leurs difficultés avec plus d’assurance. Faciliter l’enfant tout en mettant des mots sur ses réussites est l’un des meilleures moyens de permettre à l’enfant de se sentir en confiance. Aussi, lorsque ces encouragements se font en présence d’autres enfants, ces derniers apprennent eux aussi à s’émerveiller face à la réussite des uns et des autres et à tirer que le meilleur chez l’autre. Cette pédagogie prône l’idée qu’un enfant valorisé est un enfant en bonne santé psychique et prend conscience de son unicité et de sa valeur.

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2) La connaissance de soi : Elle implique une connaissance réaliste de, ses forces, ses qualités, ses difficultés, ses limites. Dans le développement de la connaissance de soi, importance : du regard des autres, et plus particulièrement des personnes importantes pour nous, de la distance qu’arrivera à prendre l’enfant par rapport à ce regard, que l’enfant se rende compte qu’il est une personne à part entière, différente des autres mais aussi avec des points de ressemblance. Il va pouvoir reconnaitre sa valeur et de construire son identité personnelle.

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Montessori met en avant l’importance de respecter l’opinion des enfants même lorsqu’elle diverge de celle de l’adulte. Selon cette pédagogie, encourager l’enfant à donner son point de vue, c’est une manière de le considérer comme une personne à part entière et de le respecter dans sa différence. C’est également la meilleure façon de lui montrer son unicité et qu’il est irremplaçable.

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3) Le sentiment d’appartenance : C’est le besoin d’être reconnu, avec ses différences et ses points communs, de comprendre sa valeur et de se sentir utile, socialement.

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Montessori nous met en garde conte la dévalorisation de l’enfant. Le poids des mots à un impact direct sur l’enfant et l’estime qu’il a de lui-même. L’impact négatif sera de le voir développer une timidité profonde, de s’isoler, l’autocensure,  un relationnel déficitaire etc.

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4) Le sentiment de compétence : Intériorisation des souvenirs de ses expériences d’efficacité et de succès personnels dans l’atteinte de ses objectifs (Duclos, 2010).[8]

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La pédagogie Montessori nous apprend qu’il faut veiller à ne pas sous-estimer les capacités de l’enfant. Certains parents ont du mal à voir leur enfant passer les différents passages (petite enfance à l’enfance, de l’enfance à l’adolescence etc.) certainement par surprotection. De ce fait, ils empêchent, de manière involontaire, la progression de leur enfant. L’enfant va difficilement intérioriser ses acquis, ses victoires et donc, d’augmenter son sentiment de compétence.

 

Quelle place pour les émotions ?[9]

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Une émotion est une réaction physiologique à une situation. L’émotion a d’abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Une émotion dure quelques minutes au plus.

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Comme disait Isabelle Fillioza dans son livre « au cœur des émotions de l’enfant », le quotient émotionnel est tout aussi important à développer que le quotient intellectuel.

Quel que soit son âge l’enfant a besoin d’exprimer des émotions. Pour recevoir pleinement ses émotions, il est important de bien les comprendre. Plusieurs outils inspirés de la pensée Montessori existent aussi bien sur les plateformes numériques qu’en grandes surfaces. Ces outils permettent d’aider l’enfant à d’exprimer ses émotions et de développer son sens de l’empathie envers les émotions des autres enfants qui l’entoure.

 

Voici un exemple d’outil avec les étapes de sa confection: « Monsieur Emotions »

 

 

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Le rôle de l’alimentation[10] [11]

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La pédagogie Montessori part du principe que l’un des premiers actes d’autonomie, est de pouvoir se nourrir et de préparer soi-même de quoi se nourrir. Dès l’âge de 18 mois et dans la mesure de ses capacités, l’enfant est invité à préparer le repas (découper les légumes ou les éplucher, de presser un fruit, d’écailler un œuf, de tartiner, etc.). Toujours est-il que, lors d’une activité culinaire de la sorte, l’adulte est présent et veille à ce que l’apprentissage se fasse en toute sécurité. L’adulte accompagne l’enfant durant cet apprentissage jusqu’à ce qu’il acquiert une autonomie suffisante, d’où l’importance de la mise en place d’un environnement propice et sécurisant pour l’enfant.

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Cette pédagogie tient compte de la construction progressive de l’apprentissage et non la réalisation d’un comportement autonome parfait. Ce type d’activité mobilise aussi bien la motricité de l’enfant, sa capacité à se concentrer sur une tâche, sa capacité d’adaptation à l’environnement et la confiance en soi.

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Les tâches culinaires se complexifient avec la progression de l’enfant. Certains parviennent même à  préparer la pâte à pain, la pétrir et la cuire, sous l’œil bienveillant de l’enseignant. Actuellement, les écoles Montessoriennes accordent beaucoup d’importance au respect de la nature et à notre responsabilité vis-à-vis de celle-ci.

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Ces écoles favorisent, autant que faire se peut, une alimentation à base de produits issus de l'agriculture biologique, avec des aliments complets ou semi-complets. Le but étant de sensibiliser les enfants et les parents à une alimentation qui se veut respectueuse de l’environnement et qualitative sur le plan nutritif. En plus d’être une activité d’apprentissage qui mobilise différentes aptitudes, l’activité culinaire permet aux enfants d’être informés sur ce qui compose leurs assiettes et de prendre connaissance des aliments bénéfiques pour leur organisme. C’est également l’occasion pour les enfants de découvrir ce qu’est une alimentation saine, d’apprendre le jargon spécifique au domaine culinaire, de découvrir de nouvelles recettes de différents pays, un enrichissement lexical, etc.

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Bibliographie générale:

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De manière générale, les menus son approuvés par un médecin diététicien

et se composent d’une alimentation riche en glucides lents, en vitamines,

en oligo-éléments, pauvres en graisses et sucres rapides. Il y a également une velléité de proposer les mêmes menus chaque semaine afin d'assurer un repère temporel nécessaire aux plus jeunes. 

 

Certaines écoles Montessoriennes organisent, de façon ponctuelle, des repas auxquels y sont conviés les parents et les éducateurs, de manière à ce que tous les enfants se retrouvent en leur compagnie. C’est également l’occasion pour les parents de poser des questions, d’informer les enseignants d’une éventuelle intolérance  alimentaire présente chez leur enfant, etc.

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