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Troubles du spectre autistique

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Dans le cadre de ce cours, nous avons été amenés à lire ce livre et à résumer l'un de ses chapitres. Pour ma part, j'ai choisi de résumer le chapitre 4 qui porte sur l'apprentissage d'un nouveau comportement. Il m'a semblé particulièrement intéressant pour l'orthopédagogue qui est amené à intervenir auprès d'un enfant porteur d'autisme. Chaque étape des différentes méthodes d'enseignement y est expliquée de manière claire et concise. 

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Aussi, je dirai que les méthodes d'apprentissage reprises dans ce livre peuvent être également intéressantes à explorer dans le but de restaurer la confiance de l'enfant ou de l'adulte face à l'apprentissage. En effet, elles s'adaptent au rythme de la personne et restent à l'écoute de ses besoins et de ses intérêts.

Chapitre 4: "Apprendre un nouveau comportement".

Il existe différentes stratégies d’apprentissage visant à enseigner de nouveaux comportements aux individus :

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1)  « l’imitation » :

 

  • L’intervenant demande à l’enfant d’imiter son propre comportement, tout en l’accompagnant et en le renforçant dans son action d’imiter.

  •  L’intervenant peut également faire appel à une tierce personne (un camarade, un ami,…) qui jouera un rôle d’intermédiaire en lui et l’apprenant. En réalité, l’objectif est le suivant : l’intervenant demande à la personne tierce d’imiter son comportement. Ensuite, l’apprenant imite, à son tour, la personne tierce. Il est important, à l’issue de cette étape, que l’intervenant reconnaisse les efforts de l’apprenant en le félicitant. 

  • L’imitation peut prendre une autre forme encore : féliciter un enfant pour avoir correctement réalisé un comportement. Dès lors, les autres enfants tenteront d’imiter le dite comportement.

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Cependant, pour mettre en place ce type d’enseignement, plusieurs conditions doivent être réunies :

 

  1. S’assurer que l’apprenant regarde le modèle

  2. Présenter un modèle auquel l’enfant apprenant peut facilement s’y identifier, évitant ainsi tout découragement.

  3. Le comportement à imiter doit être adapté aux performances, aux capacités de l’apprenant.

 

2) Le « façonnement » :

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Les premiers essais de l’apprenant doivent être encouragés par l’intervenant. Il s’agit ici de l'importance de  célébrer les accomplissements de l’apprenant, en le félicitant tout au long de son apprentissage. Indéniablement, ces encouragements vont, petit à petit, amener l’apprenant à affiner l’exécution du comportement qui lui est enseigné.

D’ailleurs, un apprenant ne peut  exécuter parfaitement un résultat, dès la première tentative, pour les raisons suivantes :

  • La complexité du mouvement (ex : les comportements que nous allons apprendre à un jeune adolescent isolé pour qu’il ait des contacts avec d’autres jeunes).

  •  Il implique plusieurs personnes.

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Voici les étapes de la procédure du façonnement :

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  • Définir de manière très explicite le comportement et résultat attendu.

  • Etablir des approximations d’apprentissages répertoriées selon un progressif des difficultés.

  • Le point de départ de l’intervention consiste à renforcer les acquis de la personne et partir de ces derniers pour l’accompagner dans ses nouveaux apprentissages.

  • Devenir exigeant de manière progressive.

  • Proposer des étapes intermédiaires si la tache semble trop difficile à réaliser pour l’apprenant.

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A noter que le principe du renforcement peut également être employé dans l’apprentissage des comportements qui semblent être effrayants. Par exemple: la peur de retourner dans la piscine après avoir bu la tasse. On part du moins effrayant au « plus effrayant »:

a)     S’asseoir près de la pataugeoire.

b)     S’asseoir sur les escaliers qui conduisent à l’eau.

c)      S’asseoir de plus en plus bas jusqu’à atteindre l’eau.

d)     Jouer dans les petites profondeurs.

e)     Regagner la nage.

 

3)     L’enchaînement ou apprentissage d’une chaîne de comportements :

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On se sert du principe de l’enchaînement pour enseigner des comportements laborieux composés de comportements simples mais qui se succèdent dans un ordre bien spécifique. En réalité, pour que cet enchaînement puisse être automatisé chez l’enfant, il faudra veiller à détailler et décomposer chacune des étapes du comportement complexe. Ce principe de décomposition est fait une analyse de tâche. Pour mener à bien cette décomposition, il est recommandé de demander à une personne d’exécuter le comportement complexe lentement devant nous afin que nous puissions prendre note de chacune des étapes des comportements simples.

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Les étapes de l’enseignement par enchaînement sont les suivantes :

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  1. Commencer par enseigner le premier comportement simple et laisser un temps d’apprentissage à la personne. Vous pouvez l’accompagner pour les être étapes si nécessaire.

  2. Le renforcement positif est important lors de cette étape. Lorsque la personne parvient à réaliser le premier comportement, vous passez au second et continuer de l’accompagner pour les autres si besoin.

  3. Continuez ainsi jusqu'à ce que l’ensemble des comportements simples ait été réalisé.

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Le but étant que la personne gagne en autonomie et qu’elle n’ait plus besoin de vous. Il est également nécessaire de la renforcer par des félicitations régulières, à chaque fois que le comportement a été réalisé correctement.

Une autre manière de procéder à l’enseignement serait d’enseigner l’ensemble de l’enseignement dans une seule et même séance. En effet, cette stratégie peut-être utilisée pour les activités qui se répètent plusieurs fois dans la semaine (ex : rentrer dans le bus, marcher dans le couloir du bus, prendre son sac ou autre matériel, sortir du bus, marcher jusqu'à l’entrée du bâtiment).

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L’objectif de l’intervenant est de: Diminuer l’aide fournie de façon progressive : aide physique complète, aide physique partielle, aide par les gestes, aide verbale, jusqu’aux indices naturels.

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Comment l’intervenant va-t-il s’y prendre ?

  • Il va, dans un premier temps, analyser la tâche en indiquant la durée de chaque comportement.

  • Identification de l’indice naturel et l’événement critique qu’il utilisera comme le renforçateur naturel. 

  • Identification de la communication dans la chaine des comportements simples

  • Il évalue la personne lors de chaque comportement réalisé et repère les éventuelles erreurs de durée et de l’accompagnement nécessaire requis.

  • Il diminue progressivement son intervention en fonction de l’acquisition des comportements et du respect de la durée pour chacun d’eux.

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Les intérêts de cette démarche pour ces personnes, sont :

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  • Le développement de l’initiative, de l’autonomie et de la communication

  • Amélioration du fonctionnement de la vie quotidienne aussi bien en famille, à l’école ou dans toute autre structure.

  • C’est une forme de « pédagogie des routines » comme se lever, se laver, s’habiller, prendre son petit déjeuner, aller au cours, …

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Quelques remarques :

Certaines étapes de l’enseignement d’une chaine de comportements peuvent nécessiter un façonnement. Aussi, il peut arriver que la personne parviennent à maîtriser quelques mini-comportements et qui ne nécessitent pas l’intervention d’un tiers. L’intervention devra donc être adaptée pour l’accompagner uniquement dans les comportements qu’elle ne sait pas réaliser seule.

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Les stratégies « essais distincts » et celle de « l’enseignement dans un milieu ou de l’apprentissage incident » sont deux méthodes complémentaires. D’ailleurs, Lovaas met beaucoup l’accent l’efficacité de la stratégie « essais distincts », notamment auprès des jeunes enfants avec autisme.  

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Les essais distincts :

Cette stratégie propose de dissocier une compétence en plusieurs sous-compétences, de manière à enseigner une seule sous compétence à la fois. Cette stratégie nécessite de la répétition puisque la maitrise ne peut se faire en une seule fois. Cette stratégie met également en avant l’importance de récompenser l’effort et le progrès fournis, avant d’effectuer une courte pause dans l’enseignement.

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Concrètement, comment fonctionne cette stratégie ?

  • La consigne est donnée à la personne de façon claire et concise,

  • Utilisation d’un ton différent lorsque l’intervenant félicite et lorsqu’il renforce un comportement,

  • Evite les consignes multiples,

  • Ralentissement du débit de la voix lorsque le rythme va trop vite pour la personne et pour lui faciliter la compréhension de la consigne,

  • Laisser un temps suffisant à la personne pour qu’elle puisse répondre à la consigne

  • Favoriser l’accord entre les intervenants : Ce sont généralement deux ou plusieurs intervenants qui accompagnent la personne. Il est donc important que les intervenants se concertent au préalable sur ce qu’ils considèrent comme « bonne réponse » afin de ne pas faire d’injonction contradictoire à la personne.

  • Le degré d’accompagnement diminue en fonction des comportements que la personne acquiert.

  • La compétence est considérée comme acquise lorsque le niveau de réussite atteint 90 à 100%, ou 9 essais sur 10 avec les deux intervenants et durant deux sessions consécutives.

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Cette tâche peut sembler complexe mais elle est en réalité très intuitive. Nous pouvons la comparer aux parents lorsqu’ils apprennent à leurs enfants à faire le signe « au revoir » avec leur main. Le parent commence par prendre la main de l’enfant en, l’invitant à l’agiter et à l’imiter. L’indice supplémentaire sera qu’il oralise avec lui le mot « au revoir ». La troisième étape consiste généralement à invité l’enfant à agiter la main tout en oralisant « au revoir. Finalement, l’enfant parvient à utiliser ce comportement dans des contextes différents.

La prise de note est nécessaire pour permettre une cohérence entre tous les intervenants impliqués dans  l’enseignement de la compétence.

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Néanmoins, cette stratégie ne peut être suffisante à elle seule. En effet, l’environnement est préalablement préparé  de manière à ce que la personne focalise toute son attention uniquement sur la compétence à acquérir. Cette stratégie est donc différente de « l’enseignement incident » ou « enseignement dans le milieu ».

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L’enseignement incident ou enseignement dans le milieu :

Elle consiste à organiser l’environnement de la personne de manière à attirer son attention vers des jeux ou des activités qui seraient susceptibles d’attirer sa curiosité. Lorsque la personne manifeste son envie d’obtenir le jeu ou l’activité qu’elle a repérée et en fait la demande (verbalement ou non), l’intervenant va lui répondre en la lui donnant ou alors, il utilisera ce biais pour renforcer une compétence.

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Cette stratégie se diffère « des essais distincts » puisqu’il s’agit ici de renforcer un comportement en partant de l’initiative de la personne elle-même.  Cette stratégie est particulièrement intéressante à développer avec des personnes en situation de handicap lourd car elles ont été habituées de dépendre de personnes tierces.

Par exemple, vous disposez une bouteille de lait dans les champs visuels de l’enfant. Ce dernier la montre du doigt et l’intervenant va répondre à la demande de l’enfant en oralisant le mot « lait » avant de lui donner la bouteille. Ce sont des occasions pour enseigner le langage.

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La difficulté de l’intervenant va être d’organiser un environnement qui puisse réellement intéresser la personne. Pour cela, il faudra, au préalable, identifier ses intérêts et ses activités préférées. Ces derniers doivent être disposés hors de la portée de la personne tout en restant bien visible. Son objectif principal est de favoriser l’interaction entre l’intervenant et la personne.

Il est important, lorsque l’intervenant décide de modifier l’environnement pour l’enrichir d’autres supports, il ne faut pas que ces derniers soient radicalement différents des supports déjà existants dans l’environnement de la personne. D’ailleurs, ces nouveaux supports doivent toujours être en concordance avec les intérêts de la personne.

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Quelques exemples concrets qui mettent en lumière ce type d’enseignement :

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  • Durant une activité culinaire, on peut inviter la personne à formuler des demandes en plaçant le matériel de cuisine de façon visible devant elle. Elle aura donc l’occasion de formuler sa demande (verbalement ou non). L’intervenant ne lésine pas sur l’oralisation des éléments que la personne aurait demandé.

  • L’intervenant mange un aliment que la personne aime sans qu’il la lui donne. Si la personne en a envie, elle comprendra qu’elle devra formuler la demande d’une manière ou d’une autre.

  • Préparer des fonctions inadéquates, en donnant à la personne une très petite portion par exemple afin qu’elle revendique son intérêt d’en avoir davantage.

  • Proposer des choix de manière non verbale. Ex : présenter deux éléments dont un que la personne aime beaucoup et l’autre beaucoup moins afin de l’initier à faire un choix et de le verbaliser.

  • Créer une situation où vous lui demander de l’aide

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Cette stratégie de l’enseignement incident est particulièrement intéressante dans la mesure ou elle peut  s’appliquer dans un milieu naturel et où les demandes sont sollicitées de façon naturelle également. De plus, cette stratégie ne demande pas de gros budgets pour la réaliser.

Néanmoins, celle-ci demande de la part de l’intervenant, une grande perspicacité et de saisir la moindre occasion pour intervenir de façon appropriée. Elle demande également beaucoup de patience de la part des intervenants puisque les progrès se font de manière assez lente.

Enfin, cette stratégie permet avant tout de développer les débuts de la communication, de la conversation, et des comportements d’initiative à la personne.

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